Les enjeux du développement durable et la protection de la santé humaine imposent de nouveaux objectifs à la protection intégrée des cultures.
Les avancées spectaculaires de la production agricole, en rendement et en régularité, depuis les années cinquante, doivent beaucoup aux recherches en protection des cultures. Les pesticides, notamment, faciles à obtenir et relativement bon marché, se sont avérés extrêmement efficaces et fiables sur de larges étendues cultivées.
Avec le développement de ces produits, les systèmes de culture ont évolué vers une agriculture intensive, dont les pratiques ont augmenté les risques d’invasion par les maladies, les ravageurs et les mauvaises herbes. L’agriculture est ainsi devenue fortement dépendante des pesticides. Petit à petit, les préoccupations sur l’impact négatif des produits chimiques sur l’environnement se sont accrues. Aujourd’hui, dans la plupart des pays européens, l’utilisation systématique des pesticides est remise en cause du fait de leurs effets indésirables sur les écosystèmes, sur des espèces utiles non ciblées ou sur les animaux domestiques et la santé humaine. Ces préoccupations sont particulièrement fortes dans les pays de la zone INCO et dans les régions ultrapériphériques européennes, dont les écosystèmes ont une fragilité plus grande vis-à-vis des applications de pesticides.
De plus, les enjeux pour le développement durable et la santé humaine imposent de nouveaux objectifs : il faut assurer la sûreté des aliments tout au long de la chaîne qui relie le producteur au consommateur, protéger la santé des travailleurs de l’agriculture comme de l’industrie, préserver les ressources naturelles, l’intégrité des écosystèmes et la biodiversité. C’est ainsi que certains pesticides sont en train d’être retirés du marché en raison de leur impact sur l’environnement et la santé (bromure de méthyle, organophosphorés), ou des résistances développées par leurs cibles (benzimidazoles).
La sensibilité accrue du public vis-à-vis de la sécurité alimentaire et de l’environnement a accéléré la demande de réduction des pesticides en agriculture conventionnelle et favorisé la diffusion d’outils comme les systèmes d’aide à la décision et les technologies d’appui à l’agriculture de précision.
L’extension de l’agriculture biologique et de systèmes de culture économes en intrants répond aux attentes des consommateurs.. L’agriculture biologique est une filière très dynamique en Europe, avec une croissance de 30 % par an depuis 1998, malgré un point de départ bas et une situation contrastée selon les pays.
Afin de satisfaire les objectifs de réduction des pesticides, divers systèmes de lutte intégrée voient le jour en Europe. Les plus simples consistent à adapter des tactiques aux systèmes de culture existants, en raisonnant et en réduisant l’usage des pesticides et en s’appuyant sur l’analyse de risque et les systèmes d’aide à la décision. D’autres approches sont plus stratégiques. Elles conduisent à concevoir de nouveaux systèmes et à leur incorporer des méthodes de contrôle dans l’objectif d’une moindre dépendance par rapport aux pesticides.
Soutenir ces évolutions suppose que de nouvelles technologies et de nouvelles pratiques soient proposées aux producteurs, ce qui nécessite des efforts supplémentaires, cohérents et bien orientés de la part de la communauté scientifique et des institutions de développement.
Ces efforts devraient porter sur trois points clés complémentaires :
Réduire l’usage des pesticides suppose également de nouvelles formes de gouvernance en matière de politique et de réglementation. Ces évolutions indispensables doivent être considérées comme des objectifs à atteindre dans tous les pays, qu’ils soient développés ou en développement. Elles devraient devenir un enjeu majeur de la recherche agronomique.
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